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Sunday 2 September 2012

En attendant Godot

 ESTRAGON. - Qu'est-ce que tu as ?
VLADIMIR. - Je n'ai rien.
ESTRAGON. - Moi je m'en vais.
VLADIMIR. - Moi aussi.
Silence.
ESTRAGON. - Il y avait longtemps que je dormais ?
VLADIMIR. - Je ne sais pas.
Silence.
ESTRAGON. - Où irons-nous ?
VLADIMIR. - Pas loin.
ESTRAGON. - Si si, allons-nous-en loin d'ici !
VLADIMIR. - On ne peut pas.
ESTRAGON. - Pourquoi ?
VLADIMIR. - Il faut revenir demain.
ESTRAGON. - Pourquoi faire ?
VLADIMIR. - Attendre Godot.
ESTRAGON. - C'est vrai. (un temps.) Il n'est pas venu ?
VLADIMIR. - Non.
ESTRAGON. - Et maintenant il est trop tard.
VLADIMIR. Oui, c'est la nuit.


ESTRAGON. - Et si on le laissait tomber ? (un temps.) Si on le laissait tomber?
VLADIMIR. - Il nous punirait. (silence. Il regarde l’arbre.) Seul l’arbre vit.
ESTRAGON (regardant l’arbre). – Qu’est-ce que c’est ?
VLADIMIR. – C’est l’arbre.
ESTRAGON. – Non, mais quel genre ?
VLADIMIR. – Je ne sais pas. Un saule.
ESTRAGON. – Viens voir. (Il entraîne Vladimir vers l’arbre. Ils s’immobilisent devant. Silence.) Et si on se pendait ?
VLADIMIR. – Avec quoi ?
ESTRAGON. – Tu n’as pas un bout de corde ?
VLADIMIR. – Non.
ESTRAGON. – Alors on ne peut pas.
VLADIMIR. – Allons-nous-en.
ESTRAGON. – Attends, il y a ma ceinture.
VLADIMIR. – C’est trop court.
ESTRAGON. – Tu tireras sur mes jambes.
VLADIMIR. – Et qui tirera sur les miennes ?
ESTRAGON. – C’est vrai.
VLADIMIR. – Fais voir quand même. (Estragon dénoue la corde qui maintient son pantalon. Celui-ci, beaucoup trop large, lui tombe autour des chevilles. Ils regardent la corde.) A la rigueur ça pourrait aller. Mais est-elle solide ?
ESTRAGON. – On va voir. Tiens.
Ils prennent chacun un bout de la corde et tirent. La corde se casse. Ils manquent de tomber.
VLADIMIR. – Elle ne vaut rien.
Silence.
ESTRAGON. - Tu dis qu'il faut revenir demain ?
VLADIMIR. – Oui.
ESTRAGON. – Alors on apportera une bonne corde.
VLADIMIR. - C'est ça.
Silence.
ESTRAGON. - Didi.
VLADIMIR. - Oui.
ESTRAGON. - Je ne peux plus continuer comme ça.
VLADIMIR. - On dit ça.
ESTRAGON. - Si on se quittait ? Ca irait peut-être mieux .
VLADIMIR. - On se pendra demain. (un temps.) A moins que Godot ne vienne.
 
ESTRAGON. - Et s'il vient ?
VLADIMIR. - Nous serons sauvés.
Vladimir enlève son chapeau – celui de Lucky – regarde dedans, y passe la main, le secoue, le remet.
ESTRAGON. - Alors on y va ?
VLADIMIR. –  Relève ton pantalon.
ESTRAGON. - Comment ?
VLADIMIR. -  Relève ton  pantalon.
ESTRAGON. - Que j'enlève mon pantalon ?
VLADIMIR. - RE-lève ton pantalon.
ESTRAGON. - C'est vrai.
Il relève son pantalon. Silence.
VLADIMIR. - Alors, on y va ?
ESTRAGON. - Allons-y.
Ils ne bougent pas.

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